Le nombre d'inscrit(e)s, 13 (11F/2H), a porté chance, une journée ensoleillée a succédé à la grisaille de jours précédents. Contraste avec la même balade en 2021, réduite au seul site de Colmyr
en raison de la pluie. Colmyr, du latin collis mirus, merveilleuse colline.
Les participants, ayant joué le jeu du déplacement en bus, se sont retrouvés directement au parking des Marquisats.
Le nom des Marquisats vient du marquis de Saint-Sorlin (1572-1632), qui a construit une résidence au bord de l'eau. Il a connu François de Sales, Henri IV...et l'épisode de
l'Escalade*, le 12 décembre 1602, célébrée chaque année à Genève (donc ce jour), quand les Savoyards voulant prendre la ville en escaladant les remparts ont été repoussés. La suite de l'histoire
de la villa Saint-Sorlin a été expliquée lors d'une visite guidée à l'occasion des journées du patrimoine 2017, dont une restitution (personnelle) est jointe en rappel aux participants : rachat
en 1876 par le directeur des cotonneries Laeuffer, occupation par les troupes allemandes et la milice en 1944 (dénommée alors la Commanderie), siège du comité de libération de la Haute-Savoie
puis MJC après la guerre, acquisition par la mairie d'Annecy en 1962, démolition en 1967, et construction à sa place actuelle des 3 bâtiments par l'architecte Wogenscky, dont l'un occupé par
l'école d'art, un autre résidence pour étudiants et jeunes travailleurs.
Puis le groupe rejoint Colmyr par le sentier en balcon au-dessus des tennis. Depuis le parking, la balade suit la "promenade découverte au fil du chemin de La Puya" de l'historien annécien
Christian Bouvier :
-La croix érigée en 1825 à l'endroit où a été assassiné en 1793 le comte de La Fléchère, qui avait pris la tête de la révolte des Annéciens contre l'occupant révolutionnaire français.
-La fontaine des Marquisats issue d'une source souterraine, dont il ne reste que le canal de décharge, qui a alimenté depuis 1819 plusieurs fontaines de la ville d'Annecy en eau potable de
qualité, avant d'être abandonnée devant l'ampleur des travaux d'entretien.
-En remontant la route de Colmyr, l'ancienne propriété d'Aimé Constantin, érudit, écrivain, membre de multiples associations culturelles, qui a passé 26 années en Russie comme précepteur ; auteur
du premier dictionnaire de patois savoyard ; son tombeau est le plus imposant du cimetière de Loverchy.
-Dans la "montée raide et courte" de la route de la Puya (c'est la signification en patois), la chapelle de Colmyr construite en 1844 par l'abbé Hector Joseph-Marie Favre en contrebas de sa
propriété pour son usage personnel. De style gothique, elle a été construite en matériaux de récupération d'édifices religieux en ruine de la région. La photographe de 2021 avait pu vérifier à
travers la fenêtre fermée qu' "à travers les vitraux filtre un rayon de soleil" comme écrit dans le document.
-100m plus haut, l'oratoire de Notre-Dame de l'Auxiliatrice, construite selon la promesse d'une jeune fille aveugle qui avait recouvré la vue sur ce rocher.
Un peu plus loin, un picto invitait à entrer dans la châtaigneraie. La partie patrimoniale de la balade, après 45', laissait la place à la promenade d'aération en forêt, soit 1h15' sans mettre
les pieds sur le bitume jusqu'aux Marquisats. Quel plaisir de marcher sur les feuilles crissant sous les pieds comme de la neige!
Le bon sentier recouvre des parcours sportif et VTT, mais il n'y avait guère que le groupe en cette saison. Une table de pique-nique est bienvenue pour la pause. Puis le sentier longe la lisière
du bois, offrant de belles vues à travers les branches, dont la Tournette enneigée sous un ciel bleu. Encore quelques buttes vers la route de la Corniche, qu'on frôle avant de redescendre par un
sentier direct vers Colmyr.
Au passage devant l'hôtel des Marquisats, une plaque rappelle la rafle tragique du 16 novembre 1943. Samuel Pintel a échappé à la rafle car sa mère Tauba, dont le nom est sur la plaque, "l'a
obligé à tenir la main d'une non-juive. Quand l'officier de la Gestapo lui a demandé s'il était son fils, elle a dit oui." Encore aujourd'hui il participe à toutes les commémorations annuelles et
intervient dans les écoles.
La promenade a duré 2h, les caractéristiques sont environ 5km et 100m de dénivelée.
L'animateur sera satisfait si les participants regardent les parkings des Marquisats et de Colmyr d'un oeil différent en allant s'y garer, et si la balade facile et de proximité leur donne
l'envie de la refaire en famille.
*PS extrait du Messager, illustrée par la photo (17) de Gisèle :
De la nuit de l'Escalade le 12 décembre 1602 vient la
tradition de la marmite, en chocolat remplie de douceurs, qu'on casse. Lors de la bataille
qui a fait rage entre les Genevois et les Savoyards, une habitante a fait preuve de courage et d’inventivité pour repousser l’ennemi. Elle est aujourd’hui connue sous le nom de Mère Royaume (ou
Dame Royaume, selon les versions). La légende qui a traversé les siècles, veut que Dame Royaume fût en train de préparer une soupe de légumes et de riz, au moment de l’invasion des soldats
savoyards à Genève. Alors que, sous sa fenêtre, le combat faisait rage, Mère Royaume aurait alors saisi la marmite dans laquelle la soupe cuisait, et l’aurait jeté à la tête d’un soldat savoyard.
Un geste simple, qui a fait naître un mythe, transmis dans la mémoire des Genevois.