Hameaux de Conflans – Pays d’Alberville (alt. max 873m)
Départ à 9h30 du parking du cimetière en contrebas de la cité, avec le soleil et presque la douceur, que nous traversons après un bref rappel chronologique du site, depuis les Ceutrons (peuplade assimilée aux Allobroges), gardiens de cols au 3e S AVJC jusqu’à l’Albertville olympique.
Ad publicanos sous les Romains puis Confluentes (Arly-Isère-Combe de Savoie) le long de la via Alpis Agria reliant la capitale des Gaules Lugdunum à Rome, puis Conflens sous les Burgondes au 5e S (l’église, comme l’abbaye de Talloires, est alors la propriété de la reine Erguemande ), puis Roc Libre à la Révolution, Conflans par sa situation stratégique de défense (et au-dessus des crues) est idéalement située pour percevoir des péages comme le 40e des Gaules, Taxe déjà… de 2.5% perçue par les Romains sur la Valeur de toutes marchandises franchissant les Alpes (TVA = Taxe sur la Valeur Alpine).
La cité verra passer au long des siècles, marchands, colporteurs, une route du sel (Salines au 18e S), des pèlerins hébergés dès le 12e S dans « l’Hôpital » sous Conflans, bourg rival ,fondé par les Chevaliers de St Jean de Jérusalem , et enfin beaucoup de militaires au gré des conflits entre la France et la Savoie .
Au fil des guerres, la ville subit en effet d’incalculables passages de troupes, avec leurs lots de chapardages, de vexations, de réquisitions, les militaires vivant sur l’habitant et … qui sait s’il n’y a pas secrètement des descendants de notre bon roi gascon à Conflans.
De l’époque de François 1er restera le Château de son homme d’arme, Antoine de Locatel de Bergame, de la période d’Henri IV l’anecdote de Farette, de celle de Louis XIV (qui y cantonna des soldats Irlandais) la fontaine Anselme dite de Louis XIV. Sous la révolution, puis pendant l’annexion des Pays du Mont-Blanc, 450 militaires Français y séjournèrent, enfin des chasseurs Alpins en 1911 pour se protéger des Italiens.
Entrés par la porte de Savoie, sous les remparts érigés pendant la guerre de 100 ans, nous traversons rapidement la cité entièrement pour nous en cette saison peu touristique en admirant la maison forte Ramus et sa tour ronde du XVe ainsi que la tour carré dite « Nasine » d’une autre maison forte, ces dernières étant la seule défense de la ville avant la construction des remparts.
A 10h nous commençons réellement la rando avec bien vite une halte devant le château rouge ou « petit palais Borghèse », remarquable par ses balcons à petites colonnades et les effets décorations en brique à l’Italienne, construit par André de Belletruche, le trésorier d’Amédée VI, bâtiment très délabré actuellement en restauration semble-t-il.
Un sentier un peu raide longeant torrent et vignes nous mène au hameau de Farette (550 m) Première pause, il est 10h30 environ (en fait un petit 250m/ h très honorable) agrémentée par l’anecdote extraite de l’Almanach des gloires de la Savoie, relatant l’échange musclé entre le syndic (maire) de Farette et le bon roi Henri :
» De quel droit Monsieur, venez–vous faire ici du tapage ? De quel droit venez-vous dévaster le territoire de ma commune ? Je suis le Roi … Et moi, je suis le syndic de Farette et personne ne grouille ici sans ma permission »
Plein Ouest, nous continuons vers le Bettex (deuxième pause vers 11h15), où malheureusement un fort joli toit de chaume n’a pas résisté à la tempête de 2019. Après un beau soleil sur le massif du Charvin au Nord, nous découvrons une autre Tournette vers le Sud. En forêt nous montons au Châtaigner, notre point culminant à 873 m. Il y a quelques résidus de neige.
A 12h pile, nous y sommes et en avons fini avec la dénivelé, à un train qui a semblé de sénateur, nous avons avalé nos 500m en 2h30 flânerie dans la ville incluse.
Le site du déjeuner ne manque pas de possibilités d’aménagement pour le confort de chacun. Merci Michel pour l’agencement.
Les plus privilégiés ont squatté la terrasse et le balcon d’un petit chalet face aux Bauges, la dent de Cons et le Fort de La Batterie. 40 mn plus tard, le froid se fait sentir.12h40 départ.
Les plus prudents choisissent de mettre les crampons pour le début de la redescente assez raide
Mi en forêt, (un petit peu de route), mi en hameaux, nous découvrons l’oratoire de la vierge Marie au Pommarey (de 1868, reconstruit de façon discutable) A 14h05, la boucle est bouclée, après 10 km nous posons les sacs aux voitures, la « vraie » visite peut commencer.
Reprenant la rue principale du XVII et XVIII siècle, admirant les fenêtres, les volets, les arcs boutant des ruelles, les copies d’enseigne ou banches, nous gagnons l’église baroque (première mention en 1014) et néo-classique dite « Sarde » car austère (reconstruite début XVIIIe) dédiée à Notre Dame de l’Assomption ainsi qu’à St Grat, évêque d’Aoste au Ve S qui aurait retrouvé et ramené à Rome la tête de St Sébastien. Tout ceci est représenté sur la fresque redécouverte en 1984, ce qui a entrainé le classement de l’église aux Monuments Historiques.
Saint Grat, toujours fêté le 7 septembre, protégerait les récoltes et les vignes de la grêle, de l’orage mais aussi des taupes et des sauterelles.
Nous n’avons pas trouvé près de la sacristie la pierre datant de l’époque romaine mentionnée dans les textes. Nous admirons les caissons en trompe l’œil des plafonds et la restauration d’une vierge en bois à la feuille d’or.
Derrière l’église le roc a été largement entamé (début 18e) pour agrandir sa reconstruction (plaque et inscription dans le roc des artisans de l’époque)
Nous poursuivons sur la grande place principale qui au Moyen-âge voyait s’installer jusqu’à trois foires par an, fréquentées par plus de 1500 personnes.
Au centre de la place, la fontaine (1753) dite Louis XV et, dans l’angle, l’importante maison bourgeoise du 19eS, appartenant à Pierre de la Bathie, grand botaniste savoyard qui étudiera le développement du phylloxera pour sauver les vignes.
Dans les jardins attenants, Il ne subsiste du château de La Tour appartenant à la famille de Conflans–Duin que la tour Sarrasine du 11e S.
Du 11e au 14e S, les seigneurs de Conflans, en coseigneurie avec l’archevêque de Tarentaise, vont régner en toute indépendance sur le bourg jusqu’à ce que des disputes familiales en fassent de simples vassaux des Ducs de Savoie.
Le panorama sur Albertville nous permet de parler de l’endiguement de l’Arly et de l’Isère durant presque un siècle de 1733 à 1824 qui annoncera le déclin de Conflans jusqu’à ce que le bourg et la ville basse soient réunis le 1er Janvier 1836 par le roi Charles-Albert de Sardaigne sous le nom d’Albertville.
Quelques mots encore sur l’hydro-électricité et sur la ville olympique dont les équipements restent largement utilisées, au « Gand Bivouac » par exemple, célèbre festival du voyage, de l’aventure et plus largement de thèmes de sociétés tels que l’environnement, les répercussions des conflits, l’avenir de la planète, la philosophie, l’humanitaire …Chaque mois d’Octobre depuis 2002, à ne pas rater.
Nous poursuivons par la Maison Rose, actuellement centre d’hébergement international et hôtel, maison forte, qui fut notamment un centre d’éducation pour jeunes filles tenu par les sœurs Bernardines puis la porte Tarine qui, comme son nom l’indique, donne accès à la Tarentaise.
Nous finirons par ,centre de la place, la Maison Rouge, ou Petit Palais , construite en 1394 pour sa retraite par Pierre Voisin, secrétaire du comte Amédée VI, joli demeure remarquable par sa construction en briques rouges de Nant Pottier probablement, par ses fenêtres géminées à arcs brisés et colonnettes. Caserne, hospice, école au gré du temps, c’est actuellement un musée qui mérite une visite et où il est possible de fêter les anniversaires costumés de nos chers petits
Ayant accompli la prescription de Montaigne, « une tête bien faite dans un corps bien fait », nous décidons de poursuivre notre visite historique en prenant le pot au Gaulois, café restaurant mythique d’Albertville depuis 1928, QJ des sportifs olympiques et bien connus de ceux qui apprécient une bonne cuisine familiale.
Merci à mon serre file chevronné en la personne d’Alain.
Une pensée pour Jean, auquel nous souhaitons un rapide rétablissement, qui m’a permis de retrouver l’agréable compagnie des RS
IGN 3432 ET
Niveau : PT/M- Dénivelé : +500m / 10km – 4h30 de marche - IBP index 57
Animateur : Claire
15 participants - départ : Conflans – à 360 m
Distance depuis TCS (8h30) : 40 km
Photos d’Alain D